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«Sauvons la Sécu!»

«Sauvons la Sécu!»

Avec les cliniques privées ? A voir...

Premier billet du blog d'une association de jeunes biologistes médicaux.

Ils tirent la sonnette d'alarme suite à la campagne de publicité «Sauvons la Sécu avec la Fédération de l'Hospitalisation Privée».

Une campagne qui aurait pour seul objectif, l'augmentation des tarifs des cliniques privées.

Les cliniques privées passent la vitesse supérieure.

 

Alors que la remise en cause des fondamentaux du pacte social de 1945 se fait chaque jour de plus en plus évidente, trouvant souvent sa justification dans la nécessité d’inspirer de nouveau confiance aux marchés financiers, préparez-vous à être bombardé à coup de « Sauvons la Sécu avec la Fédération de l’Hospitalisation privée (FHP) »!

 

Spot TV, spot radio, affichage publicitaire presse et voie publique, la FHP lance une vaste campagne de communication afin de sensibiliser l’opinion et les pouvoirs publics sur la nécessité d’accélérer l’harmonisation des tarifs entre les hôpitaux publics et les établissements de soins privés.

Intitulée « Mission: sauver la Sécu » et diffusée du 30 juin au 6 juillet dans la presse nationale, sur les chaines nationales et par voie d’affichage dans Paris, cette campagne présente le tarif unique comme « le juste prix ».

Objectif : toucher 30 millions de Français, qui vont être exhortés à « s’engager à leurs cotés pour « sauver la Sécu »! »

Et ce n’est pas tout, en prévision du débat parlementaire sur le PLFSS, cette campagne multimédia va être relayée par des actions ciblées auprès des élus sur le thème « arrêtons de jouer avec notre Sécu », comme illustré par la photo accompagnant le dossier de communication.

 

L’argent, le nerf de la guerre…

La FHP revendique en moyenne des tarifs payés par la Sécurité sociale aux cliniques et hôpitaux privés 27% inférieurs à ceux du public.

La mise en place du tarif unique pourrait ainsi représenter une économie annuelle de 15 milliards d’euros pour la Sécu (et ainsi la sauver) insiste la fédération, et pousser un peu plus les hôpitaux publics vers la désintégration…

« Mais pour l’instant, analyse-t-elle, la première harmonisation des tarifs de 35 Groupes homogènes de séjour (GHS) réalisée dans le cadre du projet de loi de financement de la sécurité sociale 2010 n’a pas encore permis de générer des économies significatives pour l’assurance maladie.» 

Effectivement, en avril 2009, le gouvernement a reporté la décision relative à la convergence tarifaire de 2012 à 2018.

Après l’opération « hostocomparateur » où l’on apprenait qu’accoucher dans le privé coutait 15% moins cher que dans le public, la pose d’une prothèse totale de hanche sans complication (on précise, parce que le descellement infectieux, c’est souvent le public qui le récupère en urgence…) coute 25% plus cher dans le public. 

Un appel au Président de la République (publié dans le JDD) a été lancé : on y parle de discrimination (?… chacun est pourtant libre de se rendre dans les établissements privés…), de surcoût injustifié pour les assurés sociaux et responsable de déficit structurel du régime d’Assurance maladie. 

 

Génie stratégique

Plusieurs récents sondages (voir article précédent ) ont fait état de l’attachement des citoyens français au régime solidaire d’assurance maladie.

Qu’à cela ne tienne, la FHP l’a recyclé en argument publicitaire et stratégique! Surtout qu’en posant la question à un échantillon représentatif de la population française : il se trouve que 67% des Français sont favorables à la mise en place d’un tarif unique public/privé, « si c’est pour sauver la Sécu ». 

Rappelons que l’hospitalisation privée draine déjà 75% de la chirurgie ambulatoire, la plus rentable pour un établissement de soin pour seulement 20% des hospitalisations psychiatriques et 30% des soins de suite et de réadaptation.

Idem, seulement 30% des grossesses alors que l’immense majorité des grossesses à risque sont suivies dans le secteur public. 

De la même manière, la permanence des soins est majoritairement assurée dans le public soit 88% des passages aux urgences. 

Les cliniques privées ont par ailleurs tendance à ne pas souhaiter s’installer dans les « déserts sanitaires », où l’hôpital public est par contre lui présent, même si ce n’est pas très rentable pour lui. 

A la question : L’hôpital public peut-il survivre à la mise en place de ce tarif unique ?  

La FHP répond dans son FAQ : 

«Même si cela n’est pas forcément facile, il a toutes les capacités pour se transformer et évoluer.

Nous avons d’ailleurs besoin d’un hôpital public fort et performant.
Mais il faut bien constater qu’il existe un écart de productivité entre les établissements publics et privés.

Ce n’est pas la compétence médicale et technique ni le dévouement des personnels hospitaliers publics qui sont en cause mais bien la capacité de l’institution hospitalière à optimiser ses ressources. » 

La Fédération Hospitalière de France (FHF) s’emploie dans un communiqué à battre en brèche « les contrevérités » et rappelle en particulier que « l’hôpital public ne sélectionne pas ses patients », que les « coûts des cliniques commerciales sont sous évalués » (notamment parce qu’ils n’incluent pas les dépassements d’honoraires des médecins soit plus de 2 milliards d’euros en 2008 et enfin, que « hôpitaux et cliniques n’ont ni les mêmes contraintes, ni les mêmes missions».

Elle achève sa démonstration en faisant valoir que « contrairement à une idée trop souvent véhiculée, la part des dépenses d’assurance-maladie consacrée à l’hôpital n’a fait que baisser depuis 20 ans, passant de 42 à 34%, alors que la dérive des dépenses d’assurance-maladie a eu lieu en ville, en l’absence de tout mécanisme de régulation».

Et c’est sans tenir compte des missions de service public, d’assistance aux personnes en situation précaire (SDF, personnes en situations irrégulières, etc.), d’enseignement et de recherche. 

Des missions autres pour lesquelles les hôpitaux publics reçoivent des financements supplémentaires, que ne reçoivent pas, et à juste titre donc, les établissements privés.

Toute la question serait donc dans l’évaluation du coût de ces missions supplémentaires. Alain Boissau, directeur chargé de l’activité et des finances à l’hôpital de Mâcon, estime la démarche de la FHP « purement financière ».  

A l’opposé de la FHP, qui présente cette convergence comme une opportunité pour la Sécurité sociale de réduire ses dépenses, la Fédération Hospitalière de France (FHF) publie un communiqué  pour « dénoncer cette campagne organisée par les cliniques commerciales pour obtenir une hausse de leur tarif».

« Les écarts de cout ne tiennent pas compte des dépassements d’honoraires pratiqués de manière quasi systématique dans les cliniques privées ».

Elle rappelle enfin les missions assumées uniquement par le secteur public car peu rentables : « La réanimation, la pédiatrie, les soins aux diabétiques… tout comme le secteur public sera seul à faire face demain aux risques liés à une pandémie ».

Elle conclue son communiqué ainsi :

« En cette période de crise, l’urgence est bien de conforter les structures qui accueillent tous les patients, 24H/24, sans discrimination, pas d’augmenter la rémunération des actionnaires des cliniques. Le seul actionnaire des hôpitaux publics : c’est le patient. »

La remise en cause des fondamentaux du pacte social de 1945 se fait chaque jour de plus en plus évidente.



17/10/2010
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